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Décibels et seuils à ne pas dépasser : les professionnels de la nuit donnent de la voix

La prévention auditive: un sujet pris à bras-le-corps par les professionnels de la nuit. «Nous voulons être consultés avant que le nouveau texte de loi ne soit voté».

Information-santé

Chez les jeunes, la perte des capacités auditives non repérées peut générer des difficultés d’apprentissage, des difficultés de socialisation, des risques de détresse psychologique, un vieillissement prématuré du système auditif. En France, on estime qu’au minimum 7% des individus souffrent d’une perte auditive et environ 2,5 millions de personnes ont des problèmes d’acouphènes.

 

Nous avons décidé de prendre le taureau par les cornes avant que de nouveaux textes répressifs ne soient votés», explique Roger Sengel, le président de l’UMIH 67. Il semblerait qu’il soit question d’abaisser le seuil des décibels autorisés dans les établissements de nuit, qui passerait de 105 à 95 décibels. «Si la loi est stricte, les jeunes finiront par chercher le son dans des lieux privés et cela met notre profession en danger, s’inquiète-t-il. Nous voulons montrer qu’il existe des solutions intermédiaires et surtout, demander à être entendus». Et Jacques Chomentowski, vice-président de l’UMIH La Nuit de renchérir: «la prévention auditive, intégrée dans la charte de la vie nocturne* à Strasbourg, doit être un exemple». Rappelant par là l’existence dans les principaux établissements de la ville, d’une information de la clientèle via des afficheurs, visibles des personnels et des clients et la mise à disposition de protections auditives.

Études acoustiques

Selon les professionels de santé, il s’agit avant tout de prévenir car on ne peut pas guérir… les problèmes d’audition générés par une écoute répétitive de musiques fortes. Si ce phénomène concerne toutes les tranches d’âge, ce sont plus particulièrement les jeunes, qui «ont une appétence à des musiques et des basses de plus en plus fortes», souligne Alexandre Feltz, médecin et conseiller municipal. Mais le bruit peut également provoquer des nuisances à l’extérieur des bâtiments. Pour pallier tout souci, lorsqu’ils ont repris la discothèque Le Live à Strasbourg, les nouveaux co-gérants ont lancé deux études acoustiques avant les travaux de rénovation. Murs et plafonds ont été isolés avec des mousses acoustiques. «Les plafonds ont été habillés avec des coffres à son qui permettent d’être aux normes. En fait, la sonorisation a été calibrée, centrée sur la piste. Ici, comme dans la majorité des cas, les établissements ouverts la nuit disposent d’espaces de calme où le son est moindre. Sachant que les professionnels de la santé mettent en garde: «il ne faudrait pas rester plus de quinze minutes sur une piste de danse diffusant 105 décibels».

Entre impératifs économiques et santé

Sous le couvert de l’UMIH du Bas-Rhin, un «eductour» nocturne a été récemment organisé avec élus, médecins et journalistes pour faire le point sur le sujet du bruit. Établissements visités: le Vog, les Aviateurs, Le Live. L’opération (la deuxième du genre après Lyon) s’est déroulée en présence de l’association JNA (Journée Nationale de l’Audition), acteur national de l’information et de la sensibilisation dans le domaine de l’audition. En attendant qu’un accord soit trouvé entre les impératifs économiques et la politique de santé… Qui va bien au-delà de la prévention du bruit! F. H.*Partenaire de la nuit strasbourgeoise, la Ville de Strasbourg intégrera officiellement en 2014 la prévention auditive dans la charte de la vie nocturne. Cette charte a été signée par 65 établissements de nuit sur les 92, dont 65 sont des établissements ouverts jusqu’à 4 heures du matin.

© Jean-François Badias

www.strasbourg.eu/vie-quotidienne/prevention-securite/charte-vie-nocturne

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