Spectacle vivant  : l’alsace en scène

Production d’événements, diffusion, équipements, costumes… la filière du spectacle vivant englobe un florilège de métiers qui gravitent autour des artistes. Peu nombreux en Alsace, ces savoir-faire sont appréciés bien au-delà de la région.dossier réalisé par fRANÇOISE Herrmann

Repères

340 établissements

1027 salariés, la filière du spectacle vivant est réduite en Alsace, mais riche en savoir-faire. (Source Fichiers, décembre 2013)

21000

le nombre d’établissements employeurs en France, 291000 salariés (source APCE)

 

L’univers du spectacle vivant est sans doute le secteur le plus difficile à saisir dans sa globalité, tant il est composite en disciplines et métiers couverts. Le plus souvent analysé avec les métiers de l’audiovisuel et du cinéma (non traités dans ce dossier), les secteurs se chevauchent, leurs acteurs passant de l’un à l’autre dans la même année. Une filière et un poids économique à part entière, mais difficile à chiffrer en l’absence de statistiques précises.

Entre emplois permanents et intermittence

Les entreprises œuvrant dans – et autour du spectacle vivant – sont le plus souvent des TPE, des entreprises individuelles et des acteurs associatifs. Selon le service des Fichiers des CCI d’Alsace, seulement 340 établissements sont immatriculés au registre du commerce et des sociétés. Peu nombreux certes, mais avec des savoir-faire d’exception. A contrario, les activités récréatives et de loisirs, les plus nombreuses en termes d’effectifs, sont les moins productrices de richesses. Dans la plupart des établissements, coexistent des situations d’emplois salariés très diverses, entre permanents et intermittents. Encouragé par les pouvoirs publics, le spectacle vivant relève d’une créativité indéniable en Alsace. La DRAC annonce pas moins de 14 lieux de création et de diffusion. Parmi les scènes du réseau dit institutionnel, nous citerons l’Opéra National du Rhin, qui emploie plus de 250 salariés dont 44 chanteurs, son ballet de Mulhouse (36 danseurs et artistes) et deux orchestres permanents: l’Orchestre national à Strasbourg avec 110 musiciens permanents et l’Orchestre symphonique de Mulhouse (56 musiciens permanents). L’Alsace est la seule région française à avoir un théâtre national, le TNS à Strasbourg. À Colmar, l’Atelier du Rhin-Théâtre de la Manufacture est centre dramatique régional. À Mulhouse, la scène nationale La Filature (voir en page 22) emploie une soixantaine de permanents en CDI. Plusieurs scènes sont conventionnées pour la danse, la musique, le théâtre: Pôle Sud, le Maillon à Strasbourg, les Dominicains de Haute-Alsace à Guebwiller, le Théâtre du Peuple de Bussang, les Tréteaux de Haute-Alsace à Mulhouse, etc. D’autres se partagent le territoire pour les musiques actuelles: Laiterie-Artefact à Strasbourg, Fédération Hiéro à Colmar et Noumatrouff à Mulhouse, sans oublier le Zénith à Strasbourg. Une richesse qui s’inscrit pleinement dans ce qu’on appelle souvent l’exception culturelle française.

 

Un budget à préserver

Si le budget du ministère de la culture s’est montré en constante augmentation depuis 2007, passant de 540 M€ à 712 M€ en 2012, la plupart des acteurs interrogés dans ce dossier se montrent inquiets face à la crise économique et à ses conséquences. D’autant que les aides publiques, semble-t-il, profitent surtout aux grandes machines culturelles et aux grandes institutions, aux dépens de la politique de proximité. Évoquée par certains de nos témoins, la menace de coupes budgétaires de la part des financeurs de spectacle fait grincer les dents. «Tous les gros événements sont centralisés à Paris», regrette Raymond Schweitzer, PDG de Stacco (voir en page 24). «L’Alsace a énormément perdu, et au final, nous sommes moins dynamiques que la Bretagne ou le Nord de la France. Strasbourg manque de visibilité. Pourtant, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de budget pour la culture. Je pense qu’il faudrait réunir l’ensemble des acteurs de la Région, et les entreprises qui œuvrent pour le spectacle vivant. Elles détiennent la qualité, le produit, la notoriété, mais sont submergées par les charges. Plus chers que nos concurrents étrangers, nous avons à nous battre face à des prix parfois inférieurs de moitié». L’ensemble des interviewés partage la même crainte de voir la culture faire les frais d’une situation économique difficile. La solution? Trouver de nouvelles sources de financement, se diversifier… Pour les producteurs et autres métiers transverses, cela peut passer, entre autres, par l’export. Un facteur de réussite indéniable pour les entreprises les plus rodées.

Sources: l’emploi culturel en Alsace, Drac/Insee 2009, Le spectacle vivant, APCE, 2011, Économie de la culture et de la communication, 2013

Illustration des prestations d’Aquatic Show © Aquatique Show

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