Favoriser l’accès à la recherche – entretien autour de l’axe de travail 1 de KTUR²
Danièle Schmitt (CCI Alsace Eurométropole) et Jean Pacevicius (Hochschule Offenburg), membres de l’axe de travail 1 de KTUR² dédié à la R&D et aux infrastructures, partagent leur vision des défis et perspectives auprès des 15 partenaires du consortium trinational.

Danièle Schmitt (CCI Alsace Eurométropole) et Jean Pacevicius (Hochschule Offenburg), membres de l’axe de travail 1 de KTUR²
―©ktur.euLe programme Interreg VI soutient depuis 1989 les projets de coopération transfrontalière dans le Rhin supérieur, réunissant la France, l’Allemagne et la Suisse. Dans ce contexte, le projet KTUR², porté par l’Université de Strasbourg, vise à renforcer l’innovation dans la région en facilitant l’accès des entreprises à la recherche, en développant la formation continue et en soutenant l’entrepreneuriat.
Pour atteindre ses objectifs, KTUR² s’articule autour de quatre axes clés :
Se développer : en facilitant l’accès des entreprises à l’innovation et aux technologies issues des unités de recherche.
Se former : grâce à une offre de formation continue transfrontalière adaptée aux besoins du territoire.
Innover : en soutenant l’entrepreneuriat et la création de startups dans l’espace du Rhin supérieur.
Consolider : en renforçant les dispositifs de financement de l’innovation à l’échelle transfrontalière.
Par où commence-t-on pour une mission aussi ambitieuse ?
Danièle Schmitt : Pour lancer une mission aussi ambitieuse que l’amélioration de l’accès à la recherche dans le Rhin supérieur, il faut d’abord poser des fondations claires.
Cela commence par définir ce que l’on entend par « infrastructure de recherche » (laboratoires, plateformes, fablabs, bases de données…) dans les trois contextes nationaux et recenser les ressources existantes. Ce travail a été initié dans deux domaines prioritaires : la robotique et les matériaux, avec des études de cas menées par la Hochschule Offenburg et la Duale Hochschule (DHBW) Lörrach. En Alsace, une soixantaine d’infrastructures ont déjà été identifiées.
L’objectif est maintenant d’analyser les conditions d’accès, de repérer les points communs transfrontaliers, et d’aborder les aspects juridiques et économiques (modèles de contrats, coûts, fonctionnement).
Enfin, les thématiques seront élargies, et les partenaires suisses intégrés à la démarche.
En résumé : on commence par recenser, analyser et identifier les aspects à harmoniser, pour rendre les infrastructures plus visibles et accessibles aux entreprises.
Créer des passerelles grâce à l’expertise : quel est le rôle du “pool d’experts” dans ce dispositif ?
Jean Pacevicius : Le pool d’experts a été créé et est sollicité pour partager son expérience des coopérations avec des partenaires économiques. Des chercheurs de la Hochschule Offenbourg et de la DHBW Lörrach vont réaliser des études de cas dans les prochaines semaines en se basant sur les infrastructures recensées par les membres du consortium. L’objectif ici est d’identifier les obstacles dans le cadre d’utilisations croisées d’infrastructures de recherche. Nous devrions avoir de premiers retours à l’automne.
Tester la coopération sur le terrain, où en êtes-vous en cette fin de 1ère année du projet KTUR ?
Danièle Schmitt : Nous préparons actuellement, en lien avec des entreprises partenaires, des études de cas pratiques de coopération. Ces entreprises nous transmettent des problématiques techniques auxquelles elles font face dans le domaine de la robotique ou des matériaux, deux domaines où nous avons établi une liste des infrastructures de recherche disponibles. Pour leur apporter des solutions, nos chercheurs identifient les infrastructures pertinentes chez nos partenaires de projet, les contactent pour utiliser ces outils et intègrent les résultats dans la réponse apportée au partenaire économique.
Quel type de modèle de coopération espérez-vous construire ?
Jean Pacevicius : Nous souhaitons identifier les éléments clés d’un modèle simplifié de coopération qui faciliterait l’utilisation croisée des infrastructures dans le Rhin supérieur. Pour cela, il est essentiel de mener d’abord des études de cas afin d’identifier les types de coopérations possibles dans les trois pays et de mieux comprendre les modèles les plus adaptés aux besoins des entreprises.
Et côté organisation, comment allez-vous gérer les sollicitations des entreprises ?
Danièle Schmitt : Une procédure de coordination a été mise en place au sein du réseau KTUR² : si un partenaire ne peut répondre à une demande, celle-ci est redirigée vers un autre membre disposant des compétences adéquates, sur la base d’un référencement thématique des établissements, dans le respect des règles de confidentialité. Cette procédure est actuellement en phase de test via l’identification de cas concrets d’entreprises.
Parallèlement, des visites de laboratoires sont organisées pour mieux faire connaître les ressources du Rhin supérieur, favoriser les échanges transfrontaliers et encourager l’émergence de projets communs. L’objectif est de structurer un écosystème régional de l’innovation, pensé en réseau et accessible aux entreprises, tout particulièrement aux TPE / PME.