Le Rhin Supérieur sous pression foncière : des entreprises en quête de solutions

Est-il encore possible d’implanter son entreprise sur notre territoire, le Rhin supérieur ? « Oui ! » répond sans hésitation Jean-Michel Staerlé, Responsable des investissements internationaux à l’ADIRA. « Mais l’installation d’une entreprise implique de trouver le terrain adéquat au projet, proche des fournisseurs et des clients, et accessible à une main d’œuvre qualifiée » tempère-t-il. Pour l’agence Baden Württemberg International, une entreprise est aussi à la recherche d’une administration efficace et d’une infrastructure performante, avec de bonnes liaisons de transport. Pari gagné pour le territoire du Rhin supérieur, qui contrairement à d’autres régions françaises et allemandes moins bien dotées, coche de nombreuses cases. Microsoft, Blue Solutions, Bauder, Bardusch, Trumpf, Liebherr… nombreuses sont les entreprises qui choisissent ce territoire transfrontalier pour s’implanter, investir, se développer.

Réduire l’impact sur l’environnement

Même si beaucoup de ces entreprises s’installent généralement au sein de zones d’activités bien équipées et très accessibles, d’autres entreprises, généralement plus historiques, doivent composer autrement. Souvent implantées au cœur de vallées, ou excentrées de grands axes routiers, il leur est parfois complexe de s’agrandir. L’entreprise allemande Bürkert, installée du côté français depuis 1966, en est le parfait exemple. Son fondateur était à l’époque tombé sous le charme de Triembach-au-Val, au cœur du Val de Villé. En 2023, pour construire son nouveau site de production et de logistique de 5000 m², il a fallu tenir compte de la nature du terrain. « Nous sommes en zone inondable, humide et proche d’une zone Natura 2000 » ajoute Sabine Schmitt-Rebmann, responsable industriel chez Bürkert France. Pensé pour impacter le moins possible son environnement, ce projet d’extension a impliqué la mise en place d’un sol drainant, d’un bassin d’infiltration et de stockage, et bien évidemment de mesures compensatoires.

Densité du territoire

Si l’entreprise Bürkert est propriétaire d'un terrain qui lui a permis de s’agrandir, ce n’est pas le cas pour la majorité des entreprises. « On trouve encore des solutions jusqu’à cinq hectares de foncier. C’est lorsque les projets sont plus importants que les difficultés commencent en France comme en Allemagne » annonce JeanMichel Staerlé. Un constat partagé par Lukas Ammer, Responsable du service aux entreprises et aux investisseurs à Baden Württemberg International : « il est difficile de trouver des sites appropriés dans le sud-ouest de l'Allemagne, surtout pour les entreprises qui recherchent des surfaces comprises entre 50 et 100 hectares ». Pourquoi ? Les raisons de part et d’autre du Rhin sont similaires : un territoire densément peuplé, des contraintes géographiques liées aux massifs des Vosges et de la Forêt-Noire et des exigences strictes en faveur de la protection de l’environnement. En effet, la Commission européenne a annoncé dès 2011 l’objectif d’une « zéro artificialisation nette en 2050 », ayant pour objectif la préservation des sols et la protection de la biodiversité.

Reconversions

Pour Jean-Michel Staerlé, la solution réside partiellement dans la reconversion d’anciennes friches industrielles. À titre d’exemple, la raffinerie de Reichstett s’est récemment transformée en un parc d’activités de 85 hectares. C’est également le cas de la zone d’activités de l’aérodrome de Haguenau en cours de viabilisation qui a pour projet d’accueillir le futur nouveau site de production de Schiller Médical. Autre piste : le foncier d’activité disponible autour des ports rhénans alsaciens. Aujourd’hui, les entreprises cherchent aussi à concevoir, dès le départ, des bâtiments plus efficients, pouvant répondre à leurs besoins futurs.