Industrie

ATALU : Changer son business model !

Julien Rohmer, président de la société fondée par son père, est un chef d’entreprise atypique. Son objectif principal n’est pas le profit, mais de contribuer à sauver la planète. Ce véritable « ovni » comme il se définit lui-même, a demandé à Frédéric Papelard, conseiller d’entreprises à la CCI, de l’y aider.

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© Dorothée Parent

« Après avoir entendu Julien Rohmer présenter Atalu lors d’un webinaire d’échange de bonnes pratiques organisé par le club d’entreprises d’Alsace Centrale AC :TIONS, j’ai tout de suite détecté sa sensibilité aux enjeux du développement durable. Je lui ai donc proposé mes services pour l’accompagner dans ce domaine, expose Frédéric Papelard. Pour commencer, nous avons réalisé un diagnostic d’efficacité énergétique destiné à réduire son empreinte carbone, mais aussi le montant de ses factures, puis un diagnostic pour évaluer l’impact du changement climatique sur l’activité de l’entreprise. C’est ensuite qu’un projet bien plus ambitieux a démarré. J’ai proposé à Julien une feuille de route pour analyser le modèle économique de son entreprise et pour imaginer comment il peut la faire évoluer pour s’adapter aux nouveaux modes de consommation. C’est notre rôle d’assembleur », souligne Frédéric.

Un nouveau business model

« J’ai adhéré totalement à ce projet car j’avais déjà le sentiment que notre modèle basé uniquement sur la vente de toujours plus de fenêtres avait atteint ses limites. Sur le marché de la rénovation, nous arrachons et remplaçons des menuiseries qui n’ont même pas dix ans. Un vrai gaspillage de ressources pour des produits conçus pour durer entre 25 et 35 ans », explique Julien. Depuis la naissance de sa fille aujourd’hui âgée de huit ans, cet ingénieur ressent le besoin de s’engager au quotidien pour restreindre ses émissions de CO2. Ainsi malgré un prix très élevé, il n’a pas hésité à investir dans un camion-grue entièrement électrique, à la fois moins polluant et plus silencieux. Accompagné par la CCI, il décide donc de changer son modèle économique, en proposant à ses clients de rénover leurs fenêtres sur site, plutôt que de les remplacer. « L’avantage est que le bâtiment peut rester fonctionnel même pendant les travaux. Par exemple, nous intervenons dans les écoles les mercredis pour éviter de les fermer. C’est aussi l’occasion d’augmenter les performances thermiques et phoniques, mais aussi d’ajouter de nouvelles fonctions comme la détection d’ouverture grâce à des capteurs. La fenêtre devient plus intelligente. Elle pourra bientôt capter l’énergie », s’enthousiasme celui qui tient à garder toujours une longueur d’avance. L’engagement de Julien pour une économie plus vertueuse présente également un autre avantage. Elle lui permet d’attirer dans son entreprise des talents jeunes ou moins jeunes qui cherchent à donner un sens à leur travail. Comme Julien, ils sont convaincus que la course à la réduction du CO2 est plus importante que la course au profit. Dans sa volonté d’accompagner la transformation globale d’Atalu, Frédéric a déjà suggéré d’autres pistes : écoconception et achats durables et l’incontournable IA. Elle pourrait permettre de collecter et d’exploiter les données recueillies par les fenêtres : météo, ensoleillement, usages. Demain la menuiserie sera intelligente !

J’ai proposé à Julien une feuille de route pour analyser le modèle économique de son entreprise afin d’imaginer comment il peut la faire évoluer pour s’adapter aux nouveaux modes de consommation.
FRÉDÉRIC PAPELARD

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Publié le 3 mai 2024 | Mis à jour le 14 mai 2024