Énergie, IA, matériaux

Bâtiments vertueux : innovation à tous les étages

Équipements économes en énergie, matériaux biosourcés, réemploi, isolants performants... Les acteurs de l’immobilier professionnel et résidentiel actionnent tous les leviers pour rénover ou construire des bâtiments durables en phase avec les multiples réglementations environnementales. Entre solutions smart building et intelligence artificielle, les innovations ne manquent pas. Mais que valent-elles vraiment ? Le point dans ce dossier.

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Un bâtiment de 11 étages 100 % bois : la résidence Sensations à Strasbourg est une référence en matière de construction bas carbone.

Un bâtiment de 11 étages 100 % bois : la résidence Sensations à Strasbourg est une référence en matière de construction bas carbone.

© KOZ Architectes - Cécile Septet

Dans la bataille pour la transition écologique, le bâtiment est en première ligne. Deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre, après les transports, il offre cependant d’innombrables possibilités d’actions et d’adaptations au réchauffement climatique. Baisser drastiquement les consommations d’énergie, réduire l’empreinte carbone des bâtiments, encourager le réemploi des matériaux afin d’économiser les ressources : autant d’exigences pour répondre à l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Vaste programme qui s’inscrit sous la contrainte de réglementations environnementales.

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2022 s’applique la Règlementation Environnementale (RE) 2020 dont l’objectif est d’améliorer la performance énergétique des bâtiments, de diminuer l’impact carbone lié à leur construction et de les adapter aux conditions climatiques futures. Elle impose notamment que tout bâtiment neuf produise plus d’énergie qu’il n’en consomme et oblige à calculer son empreinte carbone sur toute sa durée de vie. La sobriété et l’intégration des énergies renouvelables - photovoltaïque, solaire thermique, réseaux de chaleur - sont ainsi au cœur des projets de construction.

Pour s’adapter à cette pression réglementaire, qui va encore s’accentuer avec de nouveaux seuils pour 2025, puis 2028 et 2031, les acteurs de l’immobilier tertiaire et résidentiel actionnent tous les leviers et jouent sur tous les tableaux pour construire ou rénover des bâtiments durables basse consommation et bas carbone. Cela passe d’abord par l’isolation de l’enveloppe des bâtiments avec des produits isolants performants qui permettent de limiter les déperditions thermiques.

De beaux projets emblématiques ont vu le jour en Alsace

Les projets immobiliers favorisent aussi l’installation d’équipements économes en énergie à l’intérieur des bâtiments, comme l’éclairage LED ou le chauffage et la ventilation à l’aide de pompes à chaleur ou de la géothermie. Pour limiter également le poids carbone des bâtiments, des solutions d’utilisation de matériaux de construction biosourcés et géosourcés, tels que le bois ou le chanvre en guise d’isolants émergent. L’association bois-béton a notamment le vent en poupe tout comme les bétons bas carbone et les aciers recyclés, qui permettent de réduire l’impact environnemental de la construction.

De beaux projets emblématiques ont vu le jour. En témoigne la création à Strasbourg Deux Rives de la plus haute construction bois de l’Hexagone. Six ans de conception par Bouygues Immobilier pour l’immeuble Sensations culminant à 38 mètres imaginé comme un îlot démonstrateur bois et biosourcé à bilan bas carbone. À Mulhouse, c’est un petit chantier qui se distingue rue du Ballon. Un immeuble de 13 logements aux normes thermiques élevées livré par Rector Lesage, le spécialiste du béton décarboné. Tous les lots de la construction - prémurs, planchers, dalles - ont été conçus en béton bas carbone. Ce qui permet à ce bâtiment de passer sous le seuil de la réglementation environnementale 2028. À Saint-Louis, Trianon Résidences (Groupe Vivialys) est à l’origine du premier collectif équipé d’une façade dépolluante capable d’absorber par un procédé de photocatalyse l’équivalent des émissions de carbone de 20 voitures par an.

Concevoir des bâtiments vertueux est aussi une question d’industrialisation des procédés de construction. Pour optimiser les ressources, les coûts et les délais, tout en réduisant les émissions liées aux chantiers, les professionnels proposent la préfabrication en usine pour un assemblage optimisé et des nuisances réduites au maximum.

Les immeubles deviennent de plus en plus intelligents

Construire mieux et durable, oui mais où ? Pour respecter l’objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) prôné par les collectivités, promoteurs, constructeurs et entreprises jouent la sobriété foncière. L’idée est de construire sur l’existant ou de privilégier la rénovation décarbonée de bâtiments qui représentent désormais entre 50 et 80 % des opérations. En attendant, c’est aussi dans l’exploitation et dans l’usage des bâtiments que les acteurs de la construction innovent pour économiser l’énergie. Cela nécessite, par exemple, de mettre en place une gestion technique des bâtiments en cohérence avec la réglementation.

Depuis le 1er janvier 2025, un décret impose ainsi de mettre en œuvre un système d’automatisation et de contrôle des bâtiments de bureaux de plus de 4000m2, dont le dispositif de chauffage ou de climatisation a une puissance supérieure à 290 kW. L’objectif est de suivre et d’analyser les données de consommations énergétiques, d’ajuster la consommation en fonction des besoins et d’alerter des potentielles dérives. Les immeubles deviennent de plus en plus intelligents à l’aide de capteurs qui remontent les taux d’occupation des espaces de travail. Ce type de technologie poussée jusqu’à l’intelligence artificielle permet d’optimiser l’utilisation des espaces et de calibrer la consommation énergétique du bâtiment selon la fréquentation réelle des bureaux par les salariés.

Ces usages vertueux de l’énergie s’appliquent également aux bâtiments résidentiels. Et dans ce domaine, la Tour Élithis Danube à Strasbourg fait figure de modèle. Achevée en 2018 et présentée comme la première tour résidentielle à énergie positive au monde, cet immeuble de 63 logements démontre par ses résultats qu’une facture d’énergie vingt fois moins élevée que la moyenne française, associée à un bilan carbone neutre, peut être atteinte à grande échelle.

En chiffre

60% En France, le Décret Tertiaire impose une réduction progressive des consommations d’énergie : de 40% en 2030, 50% en 2040 et 60 % en 2050.

UNE ÉTAPE CLÉ : LE DIAGNOSTIC ÉNERGÉTIQUE

Comment agir pour l’efficacité énergétique et la qualité environnementale d’un bâtiment ? Économiser les ressources, les matières et intégrer les énergies renouvelables ? Le programme Climaxion de la Région Grand Est et de l'Ademe, propose un accompagnement technique et financier à destination des entreprises. Parmi les outils mis en œuvre, un diagnostic énergétique financé par la Région et organisé dans les entreprises par les conseillers de la CCI Alsace Eurométropole. Une première étape indispensable pour valider la faisabilité d’un investissement et dimensionner un projet.

CONTACT CCI : Christophe Beurné c.beurne@alsace.cci.fr

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Publié et mis à jour le 15 mai