Femme et top manager : L’équation impossible ?

Le ministère fédéral allemand de l’Économie et de l’Énergie le confirme : 88,4 % des postes de direction sont occupés par des hommes*. Du côté français, les chiffres de l’Insee** s’en approchent. Parmi les cadres dirigeants - salariés occupant des hautes fonctions d’encadrement dans les entreprises du secteur privé de plus de 250 salariés -, seuls 26 % sont des femmes. Des pourcentages plus que faibles quand on sait que la moitié des diplômés de l’enseignement supérieur en France comme en Allemagne sont des femmes***.
L’impossible mode de garde
En Allemagne, ce phénomène est multifactoriel. C’est d’abord le manque d’offres de garde qui freine la carrière des femmes. « Il n’y a pas assez d’établissements, pas suffisamment de places et évidemment peu de professionnels en poste », témoigne Wiltrud Roesler, General Manager Adagio Access Hotel Freiburg. Résultat : même épaulées par leur conjoint, elles prennent souvent la décision de faire une pause professionnelle ou d’opter pour un travail à temps partiel. « Comment concilier 60 heures de travail hebdomadaire et une vie de famille ? » s’interroge Wiltrud Roesler.
« Ce n’est pas juste une question d’emploi du temps et d’organisation », complète Fanny Husselstein, Key Account Manager France chez AIYA Europe GmbH.
Une autocensure
En France, la situation semble différente. De nombreux modes de garde existent et les journées d’école sont plus longues qu’outre-Rhin. Mais pour Fanny Husselstein, cette vision idyllique se limite aux pôles urbains. « En ruralité, trouver un mode de garde reste complexe », confie-t-elle. Outre ces aspects pratiques, le manque de femmes dans les sphères de décision est parfois le résultat d’une autocensure comme le souligne Amandine Mazenc, fondatrice et directrice générale d’ELANCEO : « Nous manquons de modèles, de pionnières, qui nous montrent que cela est possible. » Un constat pleinement partagé par Victoria Abramova, directrice générale de Mars Wrigley France : « Cette autocensure, parce qu’elle touche aux mentalités, est la plus difficile à enrayer. Je suis convaincue que le partage d’expérience peut être une source de motivation et d’inspiration pour les femmes. » Face à cette situation, la solidarité entre femmes managers s’organise. De nombreux clubs d’entrepreneuses voient le jour et cherchent, ensemble, à lever ces fameux freins invisibles.
Une solution dans le tout règlementaire ?
Des quotas de femmes existent au sein des conseils d’administration et de surveillance d’entreprises cotées en bourse : 30 % du côté allemand, 40 % du côté français… Au sein de ces grandes structures, la règlementation a effectivement permis aux femmes d’accéder à des postes à fortes responsabilités. Pour preuve : 46,4 % de femmes siègent aujourd’hui aux conseils d’administration des sociétés du CAC 40**** et les 160 entreprises de l’indice DAX comptent en 2022, 94 femmes top managers contre 74 en 2021*. Mars Wrigley en est le parfait exemple. « Chez Mars Wrigley, plus de 40 % des managers et 80 % des membres du comité de direction sont des femmes. Notre index de l’égalité professionnelle est de 95 % », éclaire Victoria Abramova, directrice générale de Mars Wrigley France. Même s’il semble louable, ce phénomène se limite aux grands groupes et provoque même une certaine irritation de la part des femmes occupant des postes à responsabilités. Par ailleurs, les petites et moyennes entreprises, qui représentent la majorité des acteurs économiques de part et d’autre du Rhin, ne sont à ce jour pas concernés. « Je pense que la prochaine génération de femmes, mais aussi d’hommes managers va faire bouger les choses », note Fanny Husselstein, Key Account Manager France chez AIYA Europe GmbH.
Chez Mars Wrigley, plus de 40 % des managers et 80 % des membres du comité de direction sont des femmes.
Sources :
* deutschland.de/
** insee.fr/
*** de.statista.com
**** lemonde.fr