L’écoconception pour produire propre et durable

Elles sont de plus en plus nombreuses à franchir le cap : passer à un mode de production résolument plus respectueux de l’environnement, en choisissant par exemple de diminuer le poids des emballages, en économisant de la matière dans le processus de production, en privilégiant les circuits courts, en relocalisant la production ou encore en limitant l’usage du plastique pour réduire l’empreinte carbone. La démarche d’écoconception est multicritère et conduit l’entreprise à développer des biens et des services moins gourmands en ressources et en énergies fossiles, générant moins d’impacts et de pollutions. « On cherche les sources d’amélioration possibles à chaque étape du processus de fabrication, d’assemblage et de distribution, confirme Mickaël Locoh, directeur général Europe du Sud et Afrique de Steelcase. L’écoconception de nos produits est notamment un moyen de réduire l’utilisation des ressources - matériaux, énergie - et de maximiser leur recyclage. Par exemple, notre nouveau siège Karman, fabriqué dans le Grand Est à Sarrebourg, a été pensé pour que chacun de ses composants ait des fonctions multiples afin de réduire le nombre total de pièces et la quantité de matériaux. Résultat : il pèse 13 kg - alors que la moyenne du marché est d’environ 18 kg - et l’impact du transport est réduit. Il est recyclable jusqu’à 85 % et incorpore 25 % de matière recyclée. Et quand un produit est bien écoconçu, il se démonte et se répare facilement. »
Dans le numérique aussi
Pilier de l’économie circulaire, l’écoconception est synonyme de gain écologique et économique pour l’entreprise. Et si elle est généralement appliquée à l’industrie et aux produits matériels, elle porte également sur les services et notamment le secteur numérique. Une nécessité quand on observe l’impact des équipements, des réseaux et des data centers qui représentent plus de 10 % de la consommation d’électricité en France. Face à ce constat, l’agence-conseil en communication Infra - basée à Strasbourg, Lyon et Paris - apporte sa pierre à l’édifice avec le développement le plus abouti sur le marché français de sites écoconçus. Comment ? Par l’écoconception graphique, des contenus moins denses et optimisés, un codage sobre et donc moins lourd, un minimum de requêtes extérieures, un hébergement vert grâce notamment « Sortir de l’impasse du tout high-tech » L'EXPERT Philippe Bihouix Ingénieur et consultant aux énergies renouvelables et une durée de conservation des contenus et des données. À la clé, une réduction de la consommation électrique des écrans et un recul de l’obsolescence des terminaux grâce à des sites plus légers et consultables par davantage d’appareils, y compris les plus anciens.
Un enjeu de réputation
Même si cela implique de repenser chaque étape de la conception et de la logistique, la stratégie d’écoconception se révèle payante pour les entreprises qui voient leurs volumes de ventes augmenter. Car de plus en plus de clients comprennent l’intérêt de payer un peu plus pour des produits moins polluants, qui durent plus longtemps et sont moins coûteux à l’usage. Les entreprises écoengagées, généralement porteuses d’une démarche responsabilité sociétale des entreprises (RSE) améliorent leur image sans tomber dans la facilité du « greenwashing ». Elles gagnent ainsi en notoriété, attirent davantage les talents et fédèrent leurs équipes autour d’un projet qui a du sens. Elles ont également l’oreille des banques qui adaptent leurs offres pour soutenir les démarches vertueuses. « L’écoconception demande du temps et des moyens, souligne Jean-Philippe Wiedenhoff, référent Finance Durable BNP-Paribas Région Grand Est. Notre responsabilité est de les accompagner dans leurs investissements de transition avec des prêts bonifiés et dont certains comportent des objectifs sur des critères RSE avec réévaluation du taux si ces objectifs sont atteints annuellement. Nous prenons en considération la stratégie RSE de nos clients qui ne peut être dissociée de la stratégie de l’entreprise. Par exemple, un bilan carbone et un plan de décarbonation ou un audit énergétique avec son plan d’investissements font partie de nos éléments d’appréciation. C’est aussi une réponse aux futures réglementations européennes qui vont pousser les entreprises à se lancer. »
La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) de février 2020 renforce notamment le principe de responsabilité élargie des producteurs, en exigeant l’adoption de démarches d’écoconception. La loi Climat et Résilience prévoit de rendre obligatoire l’affichage environnemental pour certains produits comme le textile, en tenant compte de l’ensemble de leur cycle de vie. La loi sur la réduction de l’empreinte environnementale du numérique (REEN) demande la création d’un référentiel d’écoconception pour les services numériques. Pour y voir plus clair et structurer leurs réflexions, les entreprises peuvent s’appuyer sur leurs partenaires naturels. À commencer par la CCI Alsace Eurométropole qui a mis en place des outils spécifiques. « Nous proposons notamment un accompagnement collectif et individuel, ainsi qu’un suivi dans la durée pour valider la démarche engagée et challenger l’entreprise sur de nouveaux objectifs », résume Ronan Sébilo, référent écoconception. À ses côtés, l’Agence de la transition écologique (ADEME) Grand Est qui a fait de l’écoconception une priorité. « Pour aider les entreprises à écoconcevoir, nous mettons à leur disposition une offre complète avec accompagnement technique et soutien financier, rappelle Christophe Reif, directeur régional délégué de l’ADEME Grand Est. Cela va du diagnostic simplifié au déploiement d’un plan d’action, jusqu’au programme de recherche et développement dans le cadre du dispositif Climaxion. Nous venons d’ailleurs de lancer un appel à projets, sans date de clôture, pour faciliter l’accès à ces financements. » Tous les outils sont disponibles pour permettre aux entreprises de faire de l’écoconception un levier majeur de leur développement, de gagner en compétitivité et d’accélérer leur transition écologique.
En chiffre
Près de 34 % des entreprises engagées dans une démarche d’écoconception voient leurs volumes de ventes augmenter.
Source : Baromètre ADEME
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MakCCIng Durable mise sur le collectif
La CCI Alsace Eurométropole et Climaxion proposent aux entreprises d’aller plus loin dans leur démarche d’écoconception, en s’engageant dans le parcours MakCCIng Durable. Sa valeur ajoutée : un accompagnement collectif par un consultant expert et une dynamique de groupe pour nourrir et mettre en oeuvre un projet d’écoconception.