L'économie de défense

Le secteur de la défense : un nouvel eldorado pour les entreprises françaises ?

Soutenir la souveraineté nationale, tout en générant des opportunités économiques : la filière industrielle de défense semble aujourd’hui attirer l’attention d’un nombre croissant d’acteurs économiques. Et pour cause.

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La défense devient un enjeu stratégique… mais aussi économique

La défense devient un enjeu stratégique… mais aussi économique

©Adobe Stock

Dans un monde où les équilibres géopolitiques sont plus fragiles que jamais, le secteur de la défense s’impose comme un pilier stratégique — mais aussi comme une source de croissance industrielle inédite. Derrière les grands mots de “souveraineté” et de “résilience”, une réalité économique émerge : le secteur de la défense attire, recrute, investit, innove… et pourrait bien devenir l’un des moteurs de la réindustrialisation de la France.

La Loi de Programmation Militaire (LPM) 2024-2030 engage 413 milliards d’euros sur sept ans, avec un budget en hausse à 50,5 milliards en 2025. Chaque euro investi dans la défense génère entre 1,27 et 1,68 euros de richesse nationale. C’est donc un “eldorado” certes stratégique, mais aussi économique, qui s’ouvre aux entreprises françaises.

La France arme sa croissance

La Base Industrielle et Technologique de Défense (BITD) regroupe près de 4 500 entreprises et emploie jusqu’à 220 000 personnes. Le chiffre d’affaires annuel s’élève à 25 milliards d’euros, dont 35 % à l’export. Le secteur souffre toutefois d’un manque de main-d'œuvre avec 10 000 postes non pourvus, en particulier dans les métiers industriels et technologiques.

Outre les grands noms comme Thales, Dassault, Nexter ou Safran, ce sont 800 PME classées “stratégiques” qui structurent une filière de plus en plus dynamique, avec des investissements renforcés en cybersécurité, IA, mobilité protégée et numérisation des forces.

Grand Est : une région en position offensive

Le Grand Est est bien plus qu’un territoire de garnisons : il est devenu un maillon-clé de la filière. Troisième région française en effectifs militaires, il regroupe 23 régiments, 2 bases aériennes et près de 36 000 personnels civils et militaires.

En 2022, 1 818 entreprises de la région ont reçu 124 millions d’euros de paiements directs du ministère des Armées. En Alsace, des entreprises comme Soframe (groupe Lohr), CEFA ou la start-up Armtek se démarquent par leurs innovations en matière de mobilité, de franchissement ou de systèmes connectés pour le soldat de demain.

Une BITD solide, c’est aussi une économie résiliente

“Il ne s’agit plus seulement de souveraineté. Il s’agit aussi de résilience économique, de sécurité des approvisionnements, de maîtrise technologique.” Cette déclaration, issue de l’intervention de Fabrice Urban, dirigeant de l'entreprise Quiri, Président de l'UIMM et élu de la CCI Alsace Eurométropole lors d’une récente conférence organisée avec le Cluster EDEN, résume parfaitement l’enjeu.

“Nos entreprises de la défense sont des piliers de l’emploi, de la recherche et de l’innovation, elles contribuent directement à la vitalité de nos territoires.” poursuit-il. L’Alsace, dans ce contexte, est bien placée pour peser : “Le taux d’utilisation des capacités industrielles dépasse 90 %, mais les PME peinent à trouver des financements.” Structurer un écosystème solide devient donc crucial.

La CCI en première ligne pour accompagner les entreprises

Face à ces enjeux, la CCI Alsace Eurométropole agit depuis plus de 10 ans pour faire émerger une filière industrielle forte et innovante dans la défense :

  • Accompagnement sur les salons internationaux comme Eurosatory ou le Bourget, vitrines mondiales du savoir-faire français ;

  • Création d’un observatoire régional de la défense, en lien avec la feuille de route portée par la Région Grand Est ;

  • Participation au programme BRIDGE avec le Commandement des actions dans la profondeur et du renseignement ;

  • Renforcement de la cybersécurité des PME via la participation à des programmes de sensibilisation ou de détection des menaces avec la Gendarmerie, la Préfecture, l’ANSSI ou Grand Est Développement.

Le 1er juillet dernier, près de 60 entreprises et partenaires se sont réunis au Cardo à Strasbourg, lors d’un événement coorganisé avec le Cluster EDEN, pour échanger sur les perspectives et défis de la filière. Une soirée marquée par l’intervention de Fabrice Urban, qui a salué “une étape majeure dans le partenariat avec EDEN et un engagement commun au service de la souveraineté technologique et économique”.

Et maintenant ?

Défense et industrie ne sont plus deux mondes séparés. Aujourd’hui, tout dirigeant d’entreprise industrielle disposant d’une technologie transposable (capteurs, IA, traitement de données, fabrication additive, mécatronique…) peut envisager de rejoindre cette dynamique.

Avis aux industriels du Grand Est : vous êtes prêts sans le savoir. Et l’écosystème régional est là pour vous accompagner.

Publié le 9 juill.