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Les clés pour fidéliser ses équipes

Environnement de travail, management participatif, intéressement et même semaine de quatre jours : entre business et social, les dirigeants jouent sur tous les tableaux pour séduire et surtout fidéliser leurs équipes. Si la rémunération reste l’attente numéro un des salariés, les entreprises doivent offrir bien davantage pour être attractives. Enquête sur les nouveaux codes de la culture d’entreprise.

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Environnement de travail, management participatif, semaine de quatre jours

Environnement de travail, management participatif, semaine de quatre jours

© Bartosch Salmanski

Une majorité de dirigeants vous le diront : rien de pire que le turnover. C’est ce qui explique les trésors d’attention déployés pour séduire et motiver les équipes. Et cela commence dès le recrutement. Du salaire aux valeurs sociétales en passant par les avantages - primes, mutuelles, tickets-restaurants… -, l’entreprise doit cocher toutes les cases aux yeux des candidats, envoyer des signaux positifs et répondre à l’exigence de transparence dès le premier entretien. Ce guide des bonnes pratiques du recrutement et de la séduction, l’ADIRA - l’agence de développement de l’Alsace - l’a mis en valeur dans la marque employeur territoriale « Bien en Alsace ». Elle aborde tous les sujets - orientation, formation, attractivité, mobilité, accessibilité - et se construit autour du parcours collaborateur et de l’enjeu « donner envie d’Alsace », fil rouge de la démarche. L’objectif partagé par les signataires est bien de travailler ensemble sur des actions à mettre en œuvre pour attirer, fidéliser et favoriser l’épanouissement des talents. » Une quarantaine d’entreprises ont déjà rejoint la marque « Bien en Alsace » lancée en avril 2024. Le bien-être des salariés n’a jamais été aussi présent dans la tête des dirigeants. Et pour cause. Ils cherchent à se démarquer en offrant bien davantage qu’un job et un salaire.

Et les solutions passent d’abord par l’environnement de travail agréable, chaleureux, moderne, entre l’open space, les bureaux flexibles, les « bulles informelles » pour se réunir en petit comité ou faire la sieste et les endroits silencieux propices à la réflexion et la création.

Workathon, deuxième édition

Mais si l’environnement de travail est important, l’expérience collaborateurs l’est plus encore. « Le dialogue authentique, l’inclusion et l’éthique, la considération et le sentiment d’avoir une réelle place dans l’entreprise dès le premier jour sont des fondamentaux remis au goût du jour, assurent Anne-Claire Palud et Christine Reuther, dirigeantes du cabinet Healthy Management. Or, en tant qu’expertes en accompagnement stratégique des entreprises, nous avons observé un écart entre l’expérience collaborateurs proposée par les entreprises et ce qui est attendu et vécu par leurs salariés. Elle est pourtant une clé essentielle pour fidéliser les équipes. C’est pourquoi, nous avons imaginé le Workathon, un espace de dialogue inédit qui rassemble étudiants, entreprises, acteurs de l’emploi et de la formation pour identifier ce qui représente véritablement une valeur ajoutée pour les collaborateurs d’aujourd’hui et de demain. Dans un contexte où quatre générations se côtoient au travail, repenser son expérience collaborateurs est une exigence pour rester attractif et assurer sa pérennité. »

Créer de l’émotion

Des propos partagés par Caroline Garnon, qui a créé Pour de vrai, une agence de communication événementielle. « Organiser une activité pour cocher la case « fun » sans y mettre de l’engagement est inutile, voire contre-productif. Un collaborateur ne rejoint pas une entreprise pour ses soirées karting. Le travail d’une agence comme la nôtre est de construire un événement pour distiller une culture d’entreprise sous différents formats - jeu, activité, masterclass, workshop… - et créer de l’émotion en lien avec une stratégie RH, de management ou de communication. Dans ce type d’événement, il n’est plus question de compétition mais de coopération, de collaboratif. L’objectif est de faire exister un moment où chacun puisse y trouver son compte et être impliqué. Ce qui m’importe ainsi qu’au dirigeant, c’est de savoir avec quoi les invités repartent après l’événement. Et je ne parle pas de goodies mais d’émotion, de fierté, d’inspiration, de confiance. La clé de l’engagement est là selon moi. C’est cela qui fédère et valorise. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’agence s’appelle Pour de vrai. »

La formule magique ?

Reste une question centrale pour de (très) nombreux salariés : l’équilibre vie pro-vie perso. La flexibilité des horaires et le télétravail sont les leviers les plus recherchés pour viser l’harmonie entre travail et vie privée. Travailler mieux ? Certaines entreprises poussent plus loin le curseur en expérimentant la semaine de quatre jours. Expert Habitat, le spécialiste alsacien de la rénovation du bâtiment, a franchi le pas. « Nos équipes exercent des métiers physiques et difficiles, explique Jonathan Lepetit, directeur de l’entreprise. Pour préserver leur santé, nous avons décidé de passer à la semaine de quatre jours - payés cinq - et ainsi réduire les efforts hebdomadaires. Nous avons constaté que le bien-être des salariés joue énormément sur la performance de l’équipe. Le fait de les ménager physiquement et de leur faire gagner un jour de congé par semaine, cela évite des absences fréquentes. Nous comptons peu d’arrêts maladie. Dans un premier temps, nous expérimentons la formule pour vérifier que cette solution est bien gagnant-gagnant. Car la semaine de quatre jours n’est pas seulement un aménagement du travail, c’est surtout une autre façon de travailler. Pour que ça marche, il faut repenser l’organisation, chasser les temps inutiles, supprimer les réunions chronophages, revoir les process. Quand ce travail collectif est bien mené, les résultats sont au rendez-vous pour la productivité de l’entreprise comme pour nos salariés qui y gagnent en équilibre de vie et en motivation. » L’expérience pourrait faire des émules. Selon une récente enquête, 71 % des Français se disent prêts à adopter la semaine de quatre jours.

En chiffre
10,8 millions - Seul un tiers des actifs français - 10,8 millions - travaille sur un rythme standard (9 heures - 18 heures). Source : Insee

Publié le 11 mars