Neutralité Carbone en 2025 : entre progrès et défis pour un avenir durable

Neutralité carbone 2025
―©Adobe StockEn 2025, alors que la moitié du chemin vers 2030 est franchie, la neutralité carbone devient une urgence partagée. Chaque année, l’humanité émet près de 37 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, et pour respecter la trajectoire des 1,5 °C, ces émissions doivent diminuer de 43 % d’ici à la fin de la décennie. Pourtant, les nations et les entreprises avancent à des rythmes inégaux, oscillant entre déterminations affirmées et freins structurels sur ce chemin semé d’embûches.
Des progrès encouragés par les accords de Paris
L’élan initial, porté par les Accords de Paris en 2015, avait nourri l’espoir d’un sursaut collectif. Depuis, des progrès notables se sont dessinés. Les énergies renouvelables, en tête desquelles le solaire et l’éolien, connaissent une croissance exponentielle, avec une augmentation de 22 % par an pour le solaire et 10 % pour l’éolien sur la dernière décennie, alimentée par une baisse spectaculaire des coûts. Les innovations technologiques, telles que le captage et le stockage du carbone, repoussent les limites du possible, offrant des solutions prometteuses pour réduire les émissions résiduelles. Cependant, leur mise en œuvre reste complexe et coûteuse. Le captage du carbone, par exemple, nécessite des investissements initiaux élevés, souvent de plusieurs centaines de millions de dollars par installation, et sa rentabilité économique dépend fortement des incitations fiscales et réglementaires. De plus, les technologies de stockage suscitent des interrogations quant à leur fiabilité à long terme, notamment en ce qui concerne les risques de fuites dans les sites de stockage souterrain.
Les engagements politiques et économiques
Sur le plan politique, plusieurs pays et entreprises majeures ont gravé dans le marbre leurs engagements climatiques, conférant une légitimité accrue aux objectifs de neutralité carbone. Par exemple, l'Union européenne s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, tandis que des entreprises comme Microsoft ont promis d’atteindre une empreinte carbone négative d’ici 2030, un objectif ambitieux qui repose sur des initiatives telles que le captage de carbone, la transition vers des énergies renouvelables et des efforts pour compenser les émissions résiduelles. Cependant, des critiques soulignent que ces stratégies, bien qu’inspirantes, pourraient dépendre d’hypothèses optimistes concernant la disponibilité et l’efficacité des technologies utilisées, ce qui met en lumière la complexité de tenir de tels engagements.
Les obstacles persistants : la domination des énergies fossiles
Pourtant, ces avancées, bien que louables, peinent à masquer la réalité des obstacles colossaux. Les énergies fossiles continuent de dominer le paysage énergétique mondial, soutenues par des subventions massives qui prolongent leur suprématie. En 2022, ces subventions étaient estimées à 1 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale, favorisant une consommation énergétique carbonée à bas coût. Parallèlement, les énergies fossiles représentent encore près de 80 % du mix énergétique mondial, malgré une croissance des renouvelables. Le poids des intérêts économiques et politiques freine souvent les initiatives les plus ambitieuses, rendant le dialogue international laborieux et fragmenté. En parallèle, l’inégalité entre les nations émerge comme une barrière systémique : alors que certains pays disposent des ressources nécessaires pour déployer des technologies vertes, d’autres luttent encore pour assurer l’accès de base à l’énergie.
Les freins structurels et comportementaux à la transition
Les freins ne sont pas uniquement structurels. Ils révèlent également la difficulté de transformer les comportements humains à grande échelle. La transition vers une sobriété énergétique et une consommation responsable reste confrontée à la résistance d’un modèle sociétal érigé sur l’abondance et la croissance. Les citoyens, souvent perçus comme des acteurs clés, oscillent entre des aspirations écologiques sincères et des réflexes de confort acquis au fil des décennies.
La neutralité carbone : entre espoir et réalité
Malgré ces écueils, des signaux faibles, mais révélateurs, suggèrent que le potentiel de transformation est bien réel. Par exemple, les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont dépassé 500 milliards de dollars en 2022, et près de 29 % de l’électricité mondiale provient d’énergies propres. Dans le secteur financier, plus de 450 institutions, gérant ensemble plus de 130 000 milliards de dollars d’actifs, se sont engagées à aligner leurs portefeuilles sur les objectifs climatiques mondiaux. L’essor des mouvements citoyens pour le climat, l’éveil progressif du secteur financier aux risques climatiques, et l’intégration croissante des critères ESG dans les stratégies des entreprises sont autant d’éléments qui réaffirment la capacité collective à se réinventer. Mais le temps presse. Pour que les ambitions de 2030 se concrétisent, il faudra conjuguer volonté politique, mobilisation citoyenne et réinvention des modèles économiques avec une audace sans précédent.
Ainsi, la neutralité carbone se profile comme une promesse à double tranchant : un horizon d’espoir pour un avenir moins carboné, mais aussi un miroir impitoyable de nos incohérences. C’est dans cet entrelacs d’ambitions et de contradictions que se joue l’écriture du prochain chapitre de notre histoire planétaire.
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