Véronique Siegel : Présidente UMIH Hôtellerie (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie) et Présidente de l'UMIH Bas-Rhin

Véronique Siegel
―© Bartosch SalmanskiComment se porte le marché de l’hôtellerie dans notre région ?
Après une très bonne année 2024, notre secteur marque le pas en 2025, de manière plus ou moins saillante selon les territoires. Ces résultats contrastés tiennent d’abord à la conjoncture économique incertaine, au contexte géopolitique compliqué et à la surcapacité hôtelière. Les meublés de tourisme viennent gonfler l’offre d’hébergement sur ces destinations et impactent fortement l’hôtellerie. Nous sommes aujourd’hui à un taux d’occupation d’environ 65 % qui est tout juste suffisant pour garantir la pérennité du parc hôtelier.
Entre tourisme d’affaires et marchés de Noël, comment s’annonce la fin de l’année ?
Les derniers mois de l’année seront décisifs. Car de nombreux professionnels doivent faire face au remboursement des PGE - prêts garantis par l’État - accordés pendant la crise sanitaire sans pour autant renoncer aux investissements indispensables pour maintenir l’attractivité de nos établissements. Et dans ce contexte, chaque grain de sable est un vrai danger pour nos entreprises. Nous sommes véritablement à un point de basculement et on peut espérer que les investissements engagés par nos entreprises couplés à un retour de la clientèle internationale auront un impact positif, notamment pendant la période de Noël qui est toujours un gros temps fort pour notre profession.
Les professionnels que vous représentez parlent-ils d’une même voix sur tous ces sujets ?
Bien évidemment. Nous sommes en compétition les uns les autres mais il y a des sujets sur lesquels il est important de travailler ensemble. C’est le sens de ma mission à la tête de l’UMIH de coordonner nos points de vue et de porter les dossiers qui nous préoccupent. Le numérique en est un et nous sommes pleinement engagés dans la transformation digitale de nos établissements, qu’il s’agisse de distribution, de réseau Wi-Fi, de conciergerie électronique, des chatbots - agents conversationnels - ou encore de la formation de nos équipes à ces pratiques numériques. Il nous faut aussi agir sur l’emploi et le recrutement des personnels. C’est la priorité. Actuellement, notre secteur emploie près de 30 000 actifs en Alsace. C’est un chiffre significatif mais la réalité est que nous souffrons d’un déficit de main d’œuvre dans tous nos métiers. À cela, une seule réponse : continuer de valoriser nos savoir-faire et accentuer la formation de nos personnels en correspondance avec l’évolution de l’hôtellerie.
Vous dénoncez par ailleurs des formes de concurrence déloyale. Avez-vous obtenu des avancées en la matière ?
Nous sommes confrontés, en effet, à deux difficultés majeures. Nous subissons tout d’abord la concurrence des meublés de tourisme qui ont très longtemps bénéficié de dispositions fiscales avantageuses et qui ne sont pas soumis aux normes de sécurité et d’accessibilité de nos établissements alors qu’ils font le même métier. Ces normes sont justifiées parce qu'elles assurent un niveau de sécurité à nos clients. Mais il n'est pas normal que les autres hébergements touristiques ne soient pas contraints par les mêmes règles. Cela crée des distorsions qui pénalisent notre industrie. D’autre part, notre profession est impactée par les plateformes de réservation en ligne qui, du fait de leur position dominante, pratiquent des taux de commission décorrélés de la réalité des services qu’ils offrent. Nous avons alerté le législateur pour un meilleur encadrement de ces pratiques. Il en va de la pérennité de notre industrie. Le tourisme pèse plus de 8 % du PIB français et près de 10 % du PIB en Alsace.
Nous sommes véritablement à un point de basculement.